Des acteurs engagés pour une destination accessible à tous
À Nantes et Saint-Nazaire, acteurs publics, structures culturelles et touristiques se mobilisent pour rendre le territoire accessible au public le plus large. En mettant l’usager au cœur des préoccupations.
Espace public, transport, logement, culture… « la volonté de rendre les lieux et les services accessibles au plus grand nombre est dans l’ADN du territoire », confie Myriam Pasquet-Fravalo, responsable de la promotion de l’égalité à Nantes Métropole. Une prise en compte qui va bien au-delà des questions de handicap. « On parle d’accessibilité universelle : on considère que ce qui est nécessaire pour certains usagers est utile pour beaucoup d’autres et confortable pour l’ensemble de la population. Les difficultés de mobilité peuvent affecter les personnes en fauteuil roulant, mais aussi les personnes âgées et les parents avec poussette ».
L’expertise d’usage, levier vers une meilleure accessibilité
Des enjeux que les collectivités relèvent par des instances dédiées dans le cadre de la politique publique sur l’égalité et par une étroite collaboration avec des associations d’usagers, réunis au sein de « conseils pour l'accessibilité universelle ». « Nous nous appuyons sur le retour d’expérience des personnes concernées pour évoluer dans le bon sens », poursuit Myriam Pasquet-Fravalo. Illustration de cette « expertise d’usage », la rénovation du musée d’art il y a quelques années a intégré des ateliers de concertation afin que tous les publics puissent profiter de ce joyau culturel.
Les acteurs culturels mobilisés
Spectacles, concerts, expositions… les acteurs de la culture se sont emparés du sujet, multipliant les propositions pour des expériences plus largement accessibles. Des initiatives mises en avant dans un document dédié présentant la « saison culturelle accessible ». Le festival de musique classique « La Folle Journée » a ainsi développé des dispositifs comme la mise à disposition de gilets vibrants ou l’installation de boucles magnétiques pour permettre aux personnes malentendantes d’accéder à l’émotion de la musique. « Nous souhaitons dupliquer ce dispositif sur Les Utopiales et à terme sur les événements que nous accueillons, indique Sophie Hommeau, responsable qualité et RSE à La Cité des Congrès de Nantes. Notre intention est surtout de développer les propositions en matière d’accessibilité universelle. »
Le Voyage à Nantes, labellisé Tourisme et Handicap
Le même souci de mettre l’art à disposition du plus grand nombre anime les équipes du Voyage à Nantes. Preuve de son engagement, l’accueil du Voyage à Nantes s’est vu décerner en début d’année le label Tourisme et Handicap pour les quatre types de handicaps (moteur, visuel, auditif et mental). Une distinction que le Château des ducs de Bretagne détient depuis déjà 2017. « Cette certification exigeante, qui implique notamment de former les équipes, est une forme de reconnaissance des moyens déployés pour l’accessibilité. » Le Voyage à Nantes avait déjà mis en place un service téléphonique spécialement conçu pour les personnes sourdes et malentendantes, qui peuvent accéder à l’information touristique en langue des signes, en langue parlée complétée ou par de la transcription. Cette ambition irrigue tous les volets du Voyage à Nantes, depuis l’accueil du public jusqu’à la présentation des œuvres.
« Nous sommes de fait engagés dès le départ dans une démarche d’accessibilité sociétale, car les œuvres sont installées dans l’espace public pour les mettre à la portée de tous, indique Rozenn Le Quellec, responsable des relations publiques du Voyage à Nantes. La production de nouvelles œuvres se fait toujours à travers ce prisme ».
Des outils compensatoires
Certaines œuvres du parcours peuvent toutefois s’avérer partiellement accessibles, notamment pour les personnes porteuses de handicap. « Nous avons mis en place des outils pour leur permettre d’accéder aux œuvres par d’autres moyens, explique Rozenn Le Quellec. Pas moins de 29 vidéos de médiation en langue des signes sont ainsi proposées et depuis quelque temps, un podcast basé sur de l’audio description permet de découvrir le parcours pérenne en autonomie. « Nous nous sommes appuyés sur l’expertise de l’association Valentin Haüy qui nous a conseillés sur les attendus de l’audiodescription, afin que l’image mentale puisse exister. Nous complétons notre collection de vidéos et de podcasts tous les ans par de nouvelles propositions. »
Le Voyage à Nantes a entrepris en parallèle un travail de fond sur l’information afin de la rendre la plus claire et la plus pratique possible. « On indique systématiquement si une œuvre présente un problème d’accessibilité, quelle qu’elle soit. » Un plan-guide spécifique, mis à jour chaque année, présente ainsi le parcours avec des informations comme le nivellement, et propose des alternatives quand cela s’avère nécessaire, comme le contournement des escaliers du passage Pommeraye.
Des supports dont la forme a été pensée avec la même attention que le fond. Le plan guide a ainsi été travaillé avec l’institut public Ocens qui a conseillé les équipes du Voyage à Nantes sur les couleurs, la typographie et même la nature du papier pour que le document ne soit pas luminescent. L’ensemble des supports de communication sont désormais conçus selon cette approche : tailles et typos adaptées sur les panneaux, sous-titres vidéo, etc.
« On ne sera jamais inclusif à 100 %, mais on avance » conclut Rozenn Le Quellec. « Ces questions nécessitent une attention continue, il restera toujours du chemin à parcourir », confirme Myriam Pasquet-Fravalo. S’il convient de rester modeste, on pourra se réjouir, cet été, de l’audiodescription du match d’ouverture de la Coupe du monde de rugby, une première pour un événement sportif accueilli à Nantes.
