« On touche du doigt de réelles solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire »
Comment réduire significativement les pertes alimentaires lors des congrès, conventions et autres événements d’entreprises ? Le Bureau des Congrès a engagé depuis trois ans un travail collectif pour lutter contre ce fléau de l’événementiel. Cette démarche ambitieuse a permis de faire émerger des solutions concrètes. Éclairage avec Aspasia Nanaki, directrice stratégie impact de Nantes Saint-Nazaire Développement, agence dont fait partie le Bureau des Congrès de Nantes & St-Nazaire, et Gilles Poussier, représentant « impact » des adhérents du Bureau des Congrès.
Comment est née cette démarche ?
A. Nanaki « Le Bureau des Congrès a mené ces dernières années un véritable parcours de transformation — dans la lignée de Nantes Saint-Nazaire Développement, première agence de développement économique à mission de France — visant à mettre l’impact au cœur de sa stratégie. La création d’un Comité du tourisme durable, la certification ISO 20121 et l’obtention du label Destination Innovante Durable en juin 2023 sont venus ponctuer une démarche de plus en plus mature pour aider les professionnels à réduire les impacts négatifs de leurs événements. La lutte contre le gaspillage alimentaire figure ainsi comme axe prioritaire de la feuille de route 2024 du Bureau des congrès, au même titre que l’inclusion et l’empreinte carbone. »
G. Poussier « En tant que directeur d’agence événementielle, je suis confronté à ce fléau depuis de nombreuses années. Ce sont parfois jusqu’à 10 % de repas qui sont jetés sur un événement de 3000 participants : cela pose un sérieux problème de conscience. Avec Olivier Le Floch, directeur du Bureau des Congrès, nous avons très tôt entamé une réflexion pour régler cette honte et faire de Nantes une destination exemplaire sur le sujet. Une démarche collective, intégrant des indicateurs, nous est apparue comme un facteur clé de réussite. »
Quelles en ont été les grandes étapes et les faits marquants ?
A. Nanaki « Après un premier parcours de sensibilisation et de formation sur les problématiques d’événementiel responsable, dont celle du gaspillage alimentaire, les adhérents ont exprimé le besoin d’une approche plus concrète, directement connectée à leurs métiers. »
G. Poussier « Le gaspillage alimentaire est un sujet plus complexe qu’il n’y parait, les solutions ne sont pas apparues immédiatement. Les premières réunions nous ont confrontés à un sentiment d’échec : nous étions unanimes pour constater ce qui dysfonctionnait sans pour autant parvenir à comprendre pourquoi. Nous avons réuni les 5 collèges — traiteurs, agences événementielles, lieux privatisables, prestataires de services — autour d’ateliers d’intelligence collective, où nous avons ensemble défini des indicateurs et établi un plan d’action. Parmi les actions phares, nous avons lancé une opération de mesure quantitative des pertes alimentaires sur une dizaine d’événements. Si les résultats n’étaient pas tout à fait à la hauteur de nos attentes, elle a toutefois mis en évidence certains faits : les pertes alimentaires représentent pour moitié des restes de repas et pour moitié des repas non consommés. Des sujets particuliers ont émergé, comme la question du pain ou celle des boissons, avec des bouteilles d’eau à moitié consommées vidées dans l’évier. Nous avons alors décidé de passer à une autre étape en écoutant les premiers concernés : les traiteurs. Ces échanges honnêtes et sincères nous en enfin amenés à identifier les blocages et les réponses au gaspillage alimentaire."
Quels enseignements tirez-vous de cette démarche ?
G. Poussier « Je crois qu’on a touché du doigt de vraies solutions. Le travail collectif a permis d’identifier les principaux leviers comme la présence effective des participants aux repas, le format de la restauration, le choix de différents menus, ou les contraintes liées au temps et au lieu. Il a fait émerger des solutions très concrètes telles qu’une inscription au repas distincte de l’événement, la nécessité de prévoir un temps raisonnable pour la restauration et le respecter, ou l’abandon du format buffet, beaucoup plus générateur de gaspillage. La réussite de ces mesures exige à la fois une adhésion collective et un effort de sensibilisation et de conviction auprès de nos clients. »
A. Nanaki « Cette démarche a une fois de plus mis en évidence la force du collectif, elle montre qu’il est possible de résoudre un problème en y travaillant ensemble. Nous avons d’emblée considéré que le sujet était l’affaire de tous, et pas uniquement des traiteurs comme il est parfois laissé à penser. »
Quelles sont les étapes suivantes ?
A. Nanaki « Nous préparons une charte d’engagement des adhérents du Bureau des Congrès et un guide pratique, qui aura vocation à être diffusé largement afin de contribuer à diminuer ce fléau à grande échelle. Ces outils seront dévoilés lors d’un temps fort à la rentrée. Au-delà du gaspillage alimentaire, notre ambition est d’aller plus loin sur le sujet d’une restauration plus durable sur les événements. »
Ensemble contre le gaspillage alimentaire en événementiel
Le Bureau des Congrès et ses adhérents dévoileront leur charte d'engagement pour lutter contre le gaspillage alimentaire mi-octobre à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire