Ils ont contribué au succès de Paris 2024 : retour d’expérience de champions nantais de l’événementiel

Du village olympique nantais à la cérémonie d’ouverture, des membres du Bureau des Congrès ont apporté leur ingénierie événementielle à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques. Entre fierté et conscience d’avoir pris part à un projet hors du commun, ils reviennent sur cette expérience inédite.
Le 3 avril dernier, le réseau des membres du Bureau des Congrès était réuni à la Caisse d’Épargne Bretagne Pays de la Loire pour une soirée spéciale « Retour sur les JO ». En compagnie notamment d’Aurélien Meyer, dirigeant de l’Atelier blam et créateur du fameux cheval d’acier, de Mourad Amrani, entraîneur du champion paralympique Charles Noakes, les dirigeants de Zebulon Régie, M45T et Gens d’Événement ont raconté leur participation à cet événement planétaire.
Un village olympique écoresponsable et accessible à tous
Quand il décide de répondre à l’appel d’offres pour la conception, l’aménagement et l’exploitation du village olympique nantais, le dirigeant de M45T Quentin Vallier se tourne aussitôt vers Gilles Poussier pour l’accompagner dans ce challenge. « C’est complètement fou, mais on y va » lui répond alors le fondateur de Gens d’Événement. Les deux partenaires remportent le marché au prix d’une mobilisation intense. « Le volet ressources humaines a été particulièrement compliqué à gérer, car toutes les compétences de France étaient mobilisées à un seul endroit, Paris ».
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Une prise en compte des handicaps
Comme sur les autres sujets, les organisateurs se sont appuyés sur le terreau fertile d’associations présentes sur le territoire pour répondre aux différentes problématiques d’accueil du public en situation de handicap. Un cheminement adapté aux personnes déficientes visuelles a ainsi été installé. « Le sourire des personnes en situation de handicap restera un de mes meilleurs souvenirs, confie Gilles Poussier. Elles ont trouvé un accueil réellement réfléchi pour leurs besoins, avec des équipes formées. De manière générale, la coopération de tous les acteurs du territoire nous a permis d’atteindre des objectifs inédits pour un événement de cette envergure, avec des résultats objectivement mesurés. Il y aura sans aucun doute un avant et un après-JO ».
Un site zéro déchet
Fortement impliqués dans le développement durable, les organisateurs poussent la réflexion très loin sur l’ensemble des sujets. Celui des déchets a ainsi été traité de manière radicale puisqu’aucune poubelle n’a été installée sur le site de 7000 m². « Nous savions par expérience que sur des événements de cette ampleur, il est difficile d’atteindre des objectifs ambitieux de réduction des déchets, souligne Quentin Vallier. Il nous a donc fallu réinventer la gestion des déchets. Nous n’avons pas mis de poubelles, mais une équipe dédiée, installée sous un barnum, était chargée d’accompagner et de sensibiliser le public. Quand nous avons annoncé ce dispositif, plusieurs personnes nous ont prédit qu’en quelques heures, le site ne ressemblerait plus à rien. Nous avons fait confiance aux personnes, et ça a marché. Et nous étions fiers de rendre un site impeccable tous les soirs ».
Une nouvelle façon de concevoir le bar
Il faut dire que tout avait été pensé pour ne pas engendrer de déchet. Pour les consommations servies au bar, il a été demandé à un brasseur nantais de préparer trois cuves de bière, mais aussi une cuve de limonade locale ainsi qu'une cuve d’eau pétillante à laquelle des sirops produits localement pouvaient être ajoutés, afin proposer des boissons zéro déchet. Aucun autre soda n’était proposé. Autre preuve de cette démarche de réduction des déchets que Gilles Poussier et Quentin Vallier qualifient volontiers de « jusqu’au-boutiste », même l’urine a été valorisée dans un circuit de production d’engrais. « Il n’y a que pour le C02 émis par les personnes qu’on n’a pas trouvé de solution » !
Quant à la restauration, assurée par Ruffaut Traiteur, également membre du Bureau des Congrès, le choix de bocaux avec une DLC longue a permis d’éviter le gaspillage alimentaire.
Cérémonie d’ouverture à Paris : un projet hors norme
La conviction d’avoir vécu une expérience exceptionnelle est sans nul doute partagée par le dirigeant de Zebulon Régie. Sollicité par Paname 24, l’agence de production exécutive des cérémonies d’ouverture, Samuel Brouillet fut l’un des 25 directeurs techniques en charge de la conception et l’intégration du site.
Sa mission ? Imaginer les espaces répartis sur 6 km de scène et 12 km de quai. En parallèle de la régie générale d’un périmètre compris entre le pont Louis-Philippe et le pont des Arts, il pilote notamment la mission « plans ». Des plans qui doivent répertorier toute l’infrastructure du show. Cette expérience lui laissera des souvenirs impérissables. « Nous avons connu jusqu’à 150 modifications de plan par jour ! ». L’implantation des tribunes s’est révélée particulièrement épique : « installer des tribunes de plusieurs milliers de personnes sur les quais bas de la Seine est un véritable challenge. Selon la nature du sol, cela s’est joué à quelques centimètres près. Il a fallu procéder à des tests de charge lorsque les données disponibles n’étaient pas suffisantes. L’emplacement des tribunes était censé être arrêté à l’automne 2023 : il a bougé jusqu’au 10 juillet. »
Sous le sceau du secret
Au sein de cette « très grosse machine » où l’équipe atteint progressivement 250 professionnels, l’organisation impose des règles drastiques de confidentialité. « Chaque personne disposait uniquement des informations qui lui étaient nécessaires pour accomplir sa mission. Le soir de la cérémonie, au monitoring, je connaissais 50 % de ce qui allait se passer. J’ai eu l’immense plaisir de découvrir en même temps que tout le monde l’autre moitié de la cérémonie. C’était passionnant d’être à la fois impliqué et d’avoir la surprise ! »
Une aventure professionnelle et humaine sans précédent
Près d’un an après, l’impact pour l’entreprise est difficile à évaluer : « personne ne m’appelle pour un événement de la même envergure ! C’était réellement un projet de niche, sur lequel nous avons construit à la fois la méthode de travail et l’ingénierie du projet technique, et ce au fur et à mesure, en coopérant avec des professionnels de très haut vol. À titre personnel, j’ai eu l’impression d’avoir monté plusieurs marches d’un coup dans mon métier. »